Full Throttle

Par sky, 14 juin, 2018

Les années 90, c'était l'âge d'or des jeux vidéo en point&click. Si le genre existe toujours, il n'a plus la même place, aujourd'hui, dans le coeur des joueurs. Remplacé progressivement par des jeux à l'action continue et aux graphismes toujours plus poussés. Malheureusement, bien souvent, pour raconter une histoire, ils ne valent ces bons vieux jeux à l'humeur tranquille et dans lesquels il fallait se creuser un peu la tête pour trouver la solution aux différents puzzles.

Notre jeu du jour fait parti de ceux-la, et est peut être l'un des plus représentatifs du genre. Full Throttle est sorti en 1995 et nous propose de suivre, et de vivre quelques jours de la vie de Ben. Il s'agit du chef des Putois, une bande de motards, écumant les routes d'un monde futuriste où les aéroglisseurs anti-gravité ont largement remplacé les moteurs à  combustion et les pneus.

L'introduction nous envoie directement au coeur de l'histoire, au son du titre "Legacy" du groupe Gone Jackals. Elle nous montre la rencontre très musclée entre Ben et sa bande, et Malcolm Corley, dirigeant de la dernière société construisant des motos traditionnelles, accompagné d'Adrian Ripburger, son vice-directeur.

Cette introduction est parfaitement représentative de ce que va proposer le jeu : un style graphique exceptionnel couplé à  une animation léchée à  souhait, une histoire originale et prenante, une petite pointe d'humour et une bande son très rock'n roll. Un ensemble qui colle parfaitement et qui nous plonge instantanément dans cette histoire aux nombreux rebondissements. Autant vous le dire de suite, si à  ce moment là , vous n'avez pas accroché, ce n'est pas la peine de continuer.

Quelques minutes après que Ben ait discuté avec Corley, notre anti-héros est assommé. A son réveil, il se rend rapidement compte que sa bande a été trompé et fonce dans un énorme guet-apens. Il n'y a plus qu'à  aider Ben à  les en sortir.

Basé sur le moteur Scumm, et profitant des dernières avancées du moteur, le jeu est un petit concentré de technologies pour l'époque. En plus du moteur Scumm, il intègre le système audio iMUSE, qui permet une synchronisation parfaite, entre les sons, les musiques et l'action en cours. Le moteur de streaming vidéo INSANE, lui aussi développé par LucasArt, se joint aussi à  la fête.

On prend donc les commandes de Ben, que nous pouvons faire bouger dans les différentes scènes, et le faire interagir avec différents éléments ou personnes présentes. Ainsi il est possible d'utiliser ses yeux (pour observer), sa bouche (pour parler ou gouter), ses mains (pour prendre ou agir), et enfin ses pieds (principalement pour taper!).

Pour avancer dans l'histoire, il faut résoudre une succession de puzzles plus ou moins logiques. Si cela peut paraitre simple au premier abort, les combinaisons d'actions sont tellement nombreuses qu'il est parfois nécessaire de venir et revenir sur les différentes scènes pour voir ou trouver un élément que l'on aurait rater. A noter, que le positionnement de Ben est aussi très important, il faut parfois se cacher dans l'ombre ou se placer au bon endroit au bon moment.

Comme tout bon point&click, il ne faut pas hésiter à  cliquer partout et tout le temps afin de trouver tous les éléments qui contribuent à  la profondeur de l'histoire, ou qui peuvent être des indices pour passer le prochain casse-tête.

Certaines parties du jeu sont un peu plus action que contemplation, rendant le jeu moins monotone (ce qui n'arrive que si on met un peu de temps à  résoudre les énigmes). Il y a, par exemple, toute une séquence à  moto, ou il faut bastonner d'autres motards dans un monde en simili-3D (merci le moteur INSANE de Rebel Assault). On prendra quelques baffes et l'on finira bien souvent les fesses par terre, avant d'en comprendre le principe. Une scène rappelant le jeu Road Rash, qui est certes assez courte, mais finalement bien plus marquante.

Il n'y a que peu de cas ou il est possible de perdre. Vous pouvez prendre le temps que vous souhaitez pour résoudre les problèmes, même si ce n'est pas forcément très logique. Si vous êtes bloqué, et si je vous le conseille pas, il existe une multitude de soluces sur Internet... qui n'existaient pas en 1995.

Il est, évidemment, possible de lancer le jeu original sur ScummVM. Le jeu semble aussi fonctionner sur un Mac OS 9 émulé sur Sheepshaver. Et, si les graphismes de l'époque vous rebutent, vous pouvez vous laisser tenter par la version Remastered, qui est sortie en 2017 sur une multitude de plateformes dont la Playstation 4 (PS Store) et le Mac (Mac App Store ou Steam). La version PS4 dispose de trophées, dont un platine. Si vous êtes un adepte de ces petites médailles, je vous conseille, si vous n'avez jamais fait l'histoire de la faire deux fois (elle n'est au final pas si longue, surtout la seconde fois quand on connait les astuces) afin de profiter pleinement de l'histoire la première fois, sans spoil, puis de la refaire en focalisant sur les trophées manqués.

Cette version Remastered n'est qu'une refonte graphique et sonore de la première version, tout le reste, dont l'histoire reste à  l'identique. Il est d'ailleurs possible de switcher d'une version à  l'autre à  n'importe quel moment du jeu. C'est peut être lors de ce changement que l'on se rend compte que le jeu est âgé d'un peu plus de 20 ans. Cette version Remastered respecte totalement l'esprit du jeu, puisqu'elle a été édité par le créateur original du jeu Tim Schafer, via sa nouvelle société Double Fine Productions.

 

Si vous ne vous êtes jamais lancé dans l'aventure de Ben, n'hésitez pas ! Malgré son âge, le jeu dispose de beaux restes, et l'histoire mérite à  elle-seule d'être jouée. Si vous l'aviez fais à l'époque, il est temps de retomber dans les pièges de l'époque, que ce soit dans la version originale ou la version Remastered pour en prendre plein les yeux.