Shadow Of The Ninja

Par benjamin, 20 août, 2015

Natsume, même si elle n'est plus aujourd'hui que l'ombre d'elle-même, fut un des très bons développeurs de la NES en son temps (et la qualité de ses jeux Super NES, avec Wild Guns en tête, n'a pas à  rougir non plus). Pourtant la plupart de ses titres sont passés plus ou moins inaperçus. Certes sa taille ne lui permettait pas de se mesurer aux ténors qu'étaient Capcom, Konami et Nintendo, mais Natsume n'a jamais réussi non plus à  atteindre la renommée de Sunsoft ou de Tecmo, pour ne citer qu'eux. Et c'est d'autant plus étonnant quand on voit la qualité des jeux d'action-plateforme que sont Shadow Of The Ninja, Shatterhand et Power Blade, sortis à  moins de deux ans d'intervalle sur la vaillante NES.

Premier jeu à  sortir en 1990 de ce trio, Shadow Of The Ninja (Kage au Japon et Blue Shadow en Europe) est un jeu qui à  première vue peut rappeler Ninja Gaiden, sorti 2 ans auparavant. Pourtant le jeu est au final bien différent de son aîné, et très vite les spécificités du titre de Natsume apparaissent. Le setting est plus futuriste puisque l'histoire se déroule en 2029 dans un New York contrôlé par l'empereur Garuda. Pour mettre fin à  son emprise meurtrière, deux ninjas sont dépêchés...

Au commencement du jeu, le joueur peut choisir entre deux protagonistes de sexe opposé, Hayate le ninja bleu, et Kaede la ninja rouge. Tout comme dans Ninja Gaiden, le gameplay est nerveux et le personnage répond parfaitement. Le ninja peut bien sûr courir, attaquer, sauter, grimper aux échelles, mais il peut aussi s'accrocher aux plafonds et aux diverses plateformes et se déplacer dessous ou se hisser dessus. Et c'est ce mouvement qui forge réellement l'identité de Shadow Of The Ninja par rapport à  d'autres titres de l'action-plateforme, puisqu'il devra être utilisé constamment dans le jeu, pour se hisser à  des hauteurs impossibles avec le seul saut et pour se déplacer en contrebas. Plus anecdotique, le joueur peut aussi invoquer l'éclair qui endommagera tous les ennemis à  l'écran et qui lui coûtera la moitié de sa barre de vie.

L'armement se démarque aussi puisque les ninjas ont à  leur disposition deux armes, le katana, ou la chaîne (plus précisément le kusarigama) avec chacune leur spécificité. Le katana est ainsi plus rapide mais se limite au corps à  corps, alors que la chaîne est plus lente mais dispose d'une plus grande allonge et peut attaquer en hauteur et dans les diagonales supérieures. Il n'est possible d'équiper qu'une seule arme à  la fois, mais il est possible de les upgrader, chacune disposant de 3 niveaux les rendant de plus en plus puissantes. Cependant, tous les 4 coups portés au ninja, les armes reviendront à  un niveau inférieur. Dans les niveaux se trouvent en plus des armes avec des munitions limitées, comme les shurikens et les bombes.

Dès le début du jeu, le joueur est accueilli par un très bel effet de pluie, qui est annonciateur de la qualité graphique du titre, l'animation est fluide, les décors sont fournis, les ennemis variés (une vingtaine de différents sans compter les boss), et la mise en scène sait se montrer inspirée, comme ce duel avec le samuraï d'or sur les toits de la ville. La musique est elle aussi à  l'image du jeu, très réussie, les airs sont très rock et très rythmés, ce qui colle parfaitement à  l'univers de Shadow Of The Ninja et à son gameplay.

Natsume a de plus incorporé un mode 2-joueurs dans Shadow Of The Ninja dans lequel les continus sont partagés entre les joueurs. Ce mode est parfaitement jouable, très amusant, et peu commun quand on connaît le peu de jeux d'action (à  part les Contra) qui offrent la possibilité de jouer à  2 en coopératif sur NES, et il permet de compenser la durée de vie un peu courte du mode solo.

En effet, Shadow Of The Ninja est malheureusement relativement court, et ne s'étend que sur 5 niveaux (divisés en plusieurs sections chacun). Certes on peut aussi adresser ce reproche à  quelques uns des plus grands hits de l'action plate-forme sur la NES: un jeu comme Batman n'est finalement pas beaucoup plus long. Mais cela se ressent encore plus dans Shadow Of The Ninja puisque son niveau de difficulté est plus abordable, et qu'on en voit plus facilement la fin. Néanmoins, le jeu n'est pas qu'une partie de plaisir, et le challenge est rélevé, à  l'ancienne : les ennemis sont nombreux, rapides, le jeu propose plusieurs phases de plateforme pures avec des pièges, qui nécessiteront une bonne maîtrise du personnage et de ses aptitudes pour être passés, et le joueur ne dispose que d'une vie par continue, ces derniers étant limités à 5. Plus accessible donc, mais loin d'être évident!

Les comparaisons que l'on peut noter avec Ninja Gaiden sont amusantes à  plus d'un titre puisque si le succès de Ninja Gaiden a sans aucun doute inspiré Shadow Of The Ninja, ce dernier n'est pas passé inaperçu non plus. En effet, le troisième opus de la série de Tecmo reprend plusieurs des mouvements du titre de Natsume. Mieux encore, la très sympathique version Game Boy de la série, Ninja Gaiden Shadow, ressemble fortement à  Shadow Of The Ninja, le titre ayant en fait été développé par Natsume comme une adaptation Game Boy de Shadow Of The Ninja avant d'être récupéré et rapidement adapté par Tecmo pour sa franchise.

Alors que Shadow Of The Ninja n'aurait pu être qu'un clone sans saveur de Ninja Gaiden, il se révèle être une de ces pépites oubliées de la NES qui réussit l'exploit de ne pas avoir à  rougir face à  son aîné (ce qui n'est pas peu dire quand on connaît la qualité du titre de Tecmo) et que l'on ressort avec toujours autant de plaisir. En quelque sorte un véritable tremplin pour démontrer le savoir-faire en la matière de Natsume, développeur qui aura juste eu le malheur de commencer à  briller un peu tardivement sur NES pour laisser son empreinte à  côté des grands...

Année de sortie
1990
Plateforme
Genre
Développeurs