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Histoire d’émules

Petit manifeste de l’émulation

samedi 29 mars 2003, par Frédéric Lerner

Déjà , des milliers de pages, de sites, d’animations, de discours, de forums, d’images bien sûr, d’échanges aussi, se sont volatilisés dans le trou noir de la disparition numérique. Faute d’argent, faute de temps, faute de compatibilité, faute technologique... Faute d’une poussière ou d’une rayure !

Des bibliothèques de jadis, des tours de Babel antiques, manuscrits rares, collections privées de valeur et incunables... il ne peut subsister que peu d’exemplaires. Une partie du savoir des philosophes grecs et romains du monde antique sombra ainsi dans l’oubli en Europe occidentale.

C’est en Perse qu’une bibliothèque fut édifiée, où furent retranscrites ces pensées, ces idées, ces théories, de notre civilisation européenne. Un génie [1] eut cette idée de créer une passerelle entre notre creuset gréco-romain et le monde arabe pour partager et croiser ces savoirs. Et par la magie de la communication entre les hommes, des "passeurs" - on dirait aujourd’hui des "vecteurs" - renvoyèrent la balle pour ainsi dire. Ce qui sauva l’Europe des débuts du Moyen-âge de son amnésie et d’une perdition qui la menait à la barbarie.

La valeur de tout ce qui est humain réside dans son inventivité. Lorsque celle-ci se réfère au passé, le fil de l’Histoire est maintenu. Les fondus de l’émulation, les passionnés du système dans le système, les enfiévrés du code, malgré les apparences du dérisoire, affrontent donc le temps ! Ils tentent de s’affranchir des frontières de l’incommunicabilité. Dressent des ponts, des passerelles. Traduisent de nouvelles Pierre de Rosette.

Ces Champollion modernes - vous ? - méritent donc le respect de la communauté humaine pour cette oeuvre de conservation du patrimoine. Comme son nom l’indique, il appartient à tout le monde, au passage. Imaginez que Pythagore ressuscite ou que ses descendants demandent des droits d’auteurs.

Allez, jouez maintenant !

Frédéric LERNER


[1*Que celui qui connaît son nom me le rappelle, par avance, merci !