À la fin des années 80, les consoles et les micro-ordinateurs font leur entrée dans les foyers et les jeux d'arcades n'intéressent plus grand monde, à tel point que de grosses salles d'arcade américaines ferment leur portes. C'est pourtant durant cette dure période que SNK va se lancer dans les jeux d'arcades. En 1989, SNK annonce donc leur nouveau système de jeu d'arcade, le Neo Geo MVS (Multi Video System).
Le système de SNK repose sur l'association inédite et fort bien pensée des deux microprocesseurs les plus célèbres de l'histoire de l'informatique de l'époque : Le CPU Motorola 68000 (12 Mhz) 16-bits alors en pleine gloire qui équipa un grand moment les Macintosh, l'Atari ST, l'Amiga, la Sega Megadrive et j'en passe, et le CPU Zilog Z80 (4 Mhz), l'un des 8-bits le plus vendu au monde et le mieux exploité, que l'on trouve dans une quantité impressionnante de machines, à commencer, puisque l'action se passe au Japon, par les MSX. L'usage de ces deux puces représente un coup double intéressant. Non seulement ils sont performants et peu coûteux, mais en plus leur programmation n'a plus de secret pour personne tant ils ont été utilisés. Concernant l'affichage, le système propose une résolution de 320x224 en 4096 couleurs sur une palette de 65536, suffisant pour les jeux d'arcade de l'époque, à base de scrollings et de sprites. Le son compte 16 voies, combinant la synthèse FM et les sons digitalisés. La RAM par contre est vraiment faible avec seulement 64 Ko.
Les bornes MVS sont donc équipées pour accueillir de véritables hits avec une configuration musclée, la RAM étant le seul point noir au tableau. Son utilisation est dite simple grâce aux connaissances de développement déjà éprouvées ne peuvent que faciliter le travail. Désormais, ce que le nouveau système attend, sont des titres à sa hauteur matériel. Ces jeux sont très attendus et sortent peu de temps après.
Le résultat est à l'image de l'attente et le MVS renvoie les bornes concurrentes au passé. Tout est enchantement, la vitesse, les graphismes, le son, l'animation etc. L'engouement pour les jeux en salle renait et les bornes SNK sont indétrônables dès lors.
SNK aurait très bien pu se suffire à cette incroyable réussite, mais la firme tente alors un coup de poker et bluff tout le monde en annonçant la sortie prochaine d'une nouvelle console, la Neogeo AES (Advanced Entertainment System). Il faut bien comprendre qu'en 1990, produire sa console de salon 16 bit n'est pas aisé. La reine des 8 bits, la NES voit sa petite sœur, la SNES, sortir sur le marché et sa principale concurrente, la Megadrive, est déjà sortie au japon depuis deux ans. C'est là que SNK comprend le coup marketing à réaliser, construire une console de salon utilisant le même hardware que le MVS (à 99%) et ainsi en faire une borne d'arcade de salon, du jamais vu encore. Autant dire que l'annonce rend enthousiaste un bon nombre de joueurs attendant la vente de la machine avec euphorie.
Malheureusement ce rêve sera réservé aux joueurs les plus fortunés ou étant prêt à se serrer la ceinture, puisque la console sera vendue aux USA 650$ soit 735 euros (ou 4800 francs à l'époque). Pour les français elle ne sera trouvable qu'en import à Paris. Là encore on se dit qu'en économisant un peu plus que d'habitude on pourrait y arriver mais le prix des jeux est lui aussi très élevé par rapport aux prix de ceux des autres consoles, l'import n'aidant évidemment pas. En effet, la Neogeo ayant très peu de RAM, les cartouches de jeux sont bourrées de ROM coûtant très chers et les prix des jeux tournent autour des 200$ aux USA et 300 euros en France (soit environs 2000 francs durant cette période).
La Neogeo à quand même le mérite d'avoir un hardware quasi identique aux bornes d'arcades MVS et un joypad avec stick arcade jamais égalé, solide, permettant au joueur de se croire vraiment devant une borne en salle.
On ne connaît pas trop les chiffres des ventes et il est compliqué de s'exprimer sur le fait que la Neogeo ait fonctionné ou non. Toujours est-il qu'elle a révolutionné le monde du jeu vidéo. Ce qui est sûr c'est que le système MVS reste le grand maître des salles d'arcades à cette époque et ne connaît pas de réel concurrent.
Mais en 1992, une entreprise nommé Capcom sort une borne nommée Street Fighter II et concurrence sérieusement les jeux de SNK. SNK comprend alors que l'hégémonie est menacée et choisit alors de mettre les bouchées doubles dans les jeux de combat 2D et y ajoutent des effets 3D.
SNK, ayant vite réagi face au danger, reste donc le numéro un durant une bonne période dans les jeux arcades suivit de près par l'inquiétant Capcom. SNK désirant vraiment s'imposer sur le marché des consoles, décide de ressortir sa Neo-Geo mais cette fois-ci avec un lecteur CD-Rom permettant de vendre les jeux beaucoup moins cher.
La Neo-Geo CD, sortie en 1994, possède elle aussi un potentiel extraordinaire mais est là encore vendu à un prix prohibitif, 300$ aux USA et près de 450 euros (environs 3000 francs) en France. De plus le lecteur CD n'est qu'un simple vitesse, ce qui provoque des temps de chargement avant le jeu et pendant souvent ahurissant. La Neo-Geo CD est cette fois-ci un échec.
En 1998, près de dix ans après, le MVS continue de captiver dans les salles d'arcades, et pour cause, les Metal Slug et King of Fighters ont l'air de donner une nouvelle vie au MVS. Là dessus SNK a réussi le plus gros coup de l'histoire du jeu vidéo, jamais une machine n'était restée au top plus d'une décennie.
Mais le moment est venu de tourner la page MVS et SNK se lance dans le projet Hyper Neo Geo 64, une nouvelle version de son système basé sur un processeur RISC 64-bits fait maison et destiné uniquement aux salles d'arcade. Cette fois-ci le système contient plus de RAM qu'il n'en faut et est bien sûr capable de faire tourner les jeux 3D. Mais là encore ce ne sera pas une réussite, les ventes ne suivront pas et très peu de jeux sortiront.
SNK, voulant rebondir, décide alors de se lancer dans la console portable et concurrencer le Gameboy, l'ogre sur ce marché. La Neogeo Pocket est sur le plan technique bien plus puissante que la portable de Nintendo et son écran monochrome n'est pas aussi gourmand puisqu'il permet une autonomie de vingt heures. Les jeux sont très bien réalisés et on retrouve tous les grands hits SNK. Mais cette console ne connaîtra pas non plus le succès qui lui était pourtant prédestiné. En effet la version monochrome sort en 1998 alors que le Gameboy passe à la couleur à cette même date. Snk sortira donc à la hâte une version couleur mais trop tard, le mal est fait. La console se révèle pourtant être une vraie portable orientée arcade, encore la seule aujourd'hui, grâce à ses jeux d'une réalisation irréprochable pour la majorité, mais surtout grâce à son stick d'une maniabilité et d'une résistance encore inégalé sur console nomade.
De revers en revers SNK essayera de survivre allant même jusqu'à se lier à son concurrent direct Capcom en créant des jeux mêlant les licences des deux firmes. SNK a bien failli disparaitre en 2000, mais s'est vu racheté par Azure qui malheureusement fera faillite un an après. C'est alors que Playmore rachètera toutes les grosses licences SNK.
SNK tel que les fans l'ont connu est mort mais cette entreprise aura réussi l'un des plus beau coup de maître de l'histoire vidéo-ludique en réalisant une vraie console arcade ayant connu des productions pour son matériel presque vingt ans après.